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Triple médaillé olympique, Florent Manaudou renoue avec la compétition en grand bassin vendredi à Nice, après une année éprouvante à l'issue de laquelle il a choisi de changer d'entraîneur et de déménager avec "l'envie de souffler mentalement", explique-t-il à l'AFP.
Q: Le report des Mondiaux de 2022 à 2023 a-t-il perturbé la planification de votre année ?
R: "Non pas tant que ça parce que c'est une année de transition. J'aimerais faire les Jeux Méditerranéens que je n'ai jamais faits. Le +focus+ sera sur les Jeux Méditerranéens si je peux les faire. C'est peut-être même mieux parce que les Mondiaux étaient fin mai et après j'allais un peu végéter pendant trois mois, à moitié m'entraîner et à moitié ne pas m'entraîner. C'est pas vraiment quelque chose que je sais faire!"
Q: Pourquoi est-ce une année de transition ?
R: "Parce que j'ai aussi besoin de souffler mentalement et j'ai surtout envie d'arriver très frais à Paris 2024 donc je me donne deux ans vraiment de très, très haut niveau à partir de septembre."
Q: L'année dernière, avec une médaille d'argent olympique décrochée sur 50 m à Tokyo, a été difficile?
R: "J'ai vécu une année compliquée qui se finit super bien. J'ai beaucoup grandi surtout lors de mon passage au hand, évidemment, mais cette dernière année où je me suis remis en mode +il ne faut pas que tu perdes+, je me suis mis une pression du résultat et j'étais tout le temps déçu. J'avais limite envie d'arrêter parce que je ne prenais pas de plaisir et je suis arrivé tellement bas en fait que je me suis dit: +c'est trop tard, tu verras bien, c'est pas très grave+. J'ai l'impression que, depuis, cette année-là m'a permis de grandir de cinq ans en termes d'expérience en tant qu'homme en tout cas. J'ai énormément évolué là-dessus, je suis beaucoup plus ouvert, là je parle avec beaucoup de sportifs, alors qu'avant j'étais plus renfermé. Je me suis privé trop longtemps de tout ça, mais je ne peux pas revenir en arrière, malheureusement."
Q: Vous avez quitté Marseille pour Antibes. Etes-vous heureux ?
R: "Il fait bon vivre là-bas. Je peux louer un petit bateau et me faire un petit trip en mer. La vie est plus douce à Antibes. Le bassin extérieur est génial, ça me permet de voir autre chose, de bronzer toute l'année, c'est des petits plaisirs en fait. Et je bosse aussi avec des amis (ses entraîneurs Quentin Coton et Yoris Grandjean), je peux avoir des vraies discussions avec eux, je ne vais pas m'engueuler avec eux, je le sais, je suis assez expérimenté maintenant."
Q: Etes-vous inquiet par l'éventualité de mettre à mal votre amitié avec vos deux coaches ?
R: "Je pense que dans n'importe quelle situation il faut être préparé au pire, à perdre une course. C'est dur ce que je vais dire mais quand on se marie, il faut être préparé (aussi) à divorcer. C'est des choses auxquelles je pense et on n'a surtout pas envie d'impacter notre relation amicale parce que c'est vraiment des amis très proches et là on va bosser deux ans et demi ensemble, on est amis depuis presque quinze ans. Je trouve que ce serait dommage de se brouiller pour (un motif) sportif, surtout que je suis plutôt proche de la fin. C'est une des premières discussions qu'on a eue. L'amitié est quelque chose de très précieux. Mais s'il faut me mettre un petit coup de pied au cul à l'entraînement, il ne faut pas qu'ils hésitent non plus !"
Q: Pensez-vous déjà à l'après ?
R: "J'ai quelques petits projets, j'ai envie surtout de rester dans le sport parce que je suis un passionné, pas forcément d'être entraîneur ou préparateur physique parce que j'aime bien un peu batifoler à droite à gauche dans différents mondes. J'ai envie bien sûr de rester accroché à la natation parce que je pense pouvoir apporter quelques petites choses aux athlètes ou à la Fédération. Après, je ferai du hand au niveau départemental quand j'aurai arrêté de nager, ce sera un peu plus tranquille !"
Propos recueillis par Sabine COLPART
O.Krasniqi--NZN