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Du suspense, des retournements de situation et un sprint final somptueux: le relais mixte de biathlon des Jeux olympiques de Pékin a tenu toutes ses promesses samedi sur le site venté de Zhangjiakou, avec à la clef une médaille d'argent pour les Français.
"Ça s'est joué vraiment à la fin", souffle Quentin Fillon Maillet "fier d'ouvrir le compteur pour le collectif français".
"Il y a une pointe de déception de ne pas avoir la médaille d'or, a reconnu l'actuel N.1 mondial français, mais je suis vraiment content."
En arrivant en Chine avec le titre olympique du relais mixte des JO-2018 dans leurs bagages, les Français visaient forcément l'or, mais avec le scénario proposé à Zhangjiakou, à 180 kilomètres au nord-ouest de la capitale chinoise, et plus encore avec les conditions de vent dantesques, ils se contenteront de la médaille d'argent, conquise de haute lutte.
Après le premier relais d'Anaïs Chevalier-Bouchet, la partie était très mal engagée: si le tir couché de la Française s'est plutôt bien déroulé (une "pioche" ou recharge, autorisée en relais au nombre de trois par tir), elle a dû faire un tour sur l'anneau de pénalité après ses quatre "pioches" sur le tir debout.
"Elle enchaîne les quatre premières cibles et à la cinquième la rafale arrive, décrit l'entraîneur du tir des Françaises Jean-Paul Giachino. La balle ne rentre pas et ensuite on reste statique, on se met à trembler... et il y a le côté émotionnel quand on voit l'adversaire qui s'en va."
Ce n'était toutefois que le début des montagnes russes émotionnelles que l'équipe de France a vécu pendant une bonne heure sur le site de nordique, véritable réfrigérateur à ciel ouvert (-13 degrés), au pied du tremplin de saut à skis.
Car avec des conditions aussi aléatoires sur le pas de tir, tout a été constamment remis en question. La Norvège en tête lors du premier passage de relais, a pu le constater avec Tiril Eckhoff en échec derrière sa carabine. Julia Simon a pu réaliser une exceptionnelle remontée grâce à un passage sur le pas de tir maîtrisé et lancer Emilien Jacquelin en tête.
- La force du collectif -
Sûr de son tir sur les huit premières balles lâchées (cinq couché, puis trois debout), la mécanique de Jacquelin s'est ensuite enrayée. "Avec le froid, j'utilise des gants plus épais, a-t-il expliqué. Prendre la pioche est déjà compliqué, là l'emplacement où la mettre est gelée. La dextérité étant moins bonne, j'ai eu vraiment du mal à mettre les pioches." Résultat: cinq fautes, deux tours de pénalités et un mano à mano avec la Russie, sous drapeau neutre, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis.
Pour Quentin Fillon Maillet, N.1 mondial et dernier relayeur, le match à cinq s'est transformé en match à trois, avec les Russes et les Norvégiens, après le tir debout. Dans le sprint final, il s'est montré impuissant face à Johannes Boe, mais a sauvé l'argent face à Eduard Latypov.
Les biathlètes français, orphelins de leur star Martin Fourcade, retraité depuis maintenant deux hivers, abordent ces JO-2022 en position de réaliser une véritable razzia, avec un match très attendu, tant chez les hommes que chez les femmes, avec la Norvège, l'autre nation dominante de la discipline.
"C'est super pour la suite, annonce Quentin Fillon Maillet. J'étais déjà très en confiance, les sensation sont validées."
Le record de six médailles des Jeux de Vancouver en 2010 semble plus que jamais accessible pour les biathlètes.
Les prochains rendez sur les individuelles femmes (15 km, lundi) et hommes (20 km, mardi), donneront des indicateurs sur leurs capacités à s'adapter aux conditions et à aller chercher ce record.
Y.Keller--NZN