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Quentin Fillon Maillet, sacré champion olympique de l'individuel mardi aux JO de Pékin, a pris une nouvelle envergure cette saison pour s'imposer comme le véritable patron du circuit et le digne successeur de la légende du biathlon Martin Fourcade.
On ne l'appelle pas "le morbac" pour rien. Qui aurait pu imaginer que ce biathlète, si souvent effacé derrière l'imposant Fourcade, puis son successeur norvégien Johannes Boe, deviendrait un jour le nouveau maître de la discipline?
Fidèle à son surnom, hérité de ses jeunes années pour sa capacité à s'accrocher coûte que coûte en course, "QFM" n'a jamais lâché pour saisir sa chance au moment opportun.
Fourcade parti à la retraite en 2020, Boe en méforme: la place de N.1 mondial revenait de droit à Fillon Maillet, 3e de la Coupe du monde les trois dernières saisons. Le Jurassien n'a pas laissé passer l'occasion: cinq victoires avant les Jeux, déjà un titre olympique et, sauf accident, un premier gros globe de cristal qui l'attend fin mars.
"Il a progressé au niveau du tir de manière assez franche et ça l'a fait gagner en confiance et en sérénité, juge Martin Fourcade. Quand j'ai arrêté, j'étais loin de penser qu'un Français puisse jouer le général deux ans plus tard. Mais Quentin a cette faculté de concrétiser les opportunités qui lui sont offertes."
- Doutes -
"Timide" durant l'enfance, il revendique ce côté "combattant" qui ressort dès qu'il chausse les skis.
Jusqu'ici, Fillon Maillet avait pourtant connu une carrière plutôt discrète. Souvent placé, quelques fois gagnant (6 succès en Coupe du monde avant cette saison), celui qui a débuté sur le circuit majeur en 2013 était un solide soldat du groupe France mais sans faire d'étincelles.
Jamais sacré dans une grande compétition en solo avant d'arriver à Pékin, il avait goûté à la victoire uniquement sur le plan collectif (deux titres mondiaux en relais (2020) et relais mixte (2016).
Les doutes à son égard s'étaient renforcés lors d'un exercice 2019-2020 de nouveau frustrant. Une fois les skis et la carabine du roi Fourcade rangés, Fillon Maillet avait clamé haut et fort son ambition de se battre pour le classement général de la Coupe du monde. Le résultat final (3e) ne fut clairement pas à la hauteur de ses attentes. A quoi, il faut ajouter des Championnats du monde 2021 à Pokjljuka au goût amer (une médaille de bronze en mass start).
"Quand on dit que l'on veut être premier aux Mondiaux et sur la Coupe du monde, on se met un peu de pression mais pour moi c'est de la motivation. Je n'ai pas envie de me cacher", explique celui qui, durant sa jeunesse, avait tapissé le mur de sa chambre d'un poster de la légende norvégienne Ole-Einar Bjoerndalen, surnommé justement le "Cannibale".
- "Situation particulière" -
Ses deux médailles aux JO de Pékin (or de l'Individuel, argent du relais mixte) sont aussi une revanche sur une édition 2018 disputée dans des conditions mentales très compliquées. Sa compagne souffre d'une maladie et son beau-père décède juste avant l'évènement et le Français n'a plus la tête au biathlon à Pyeongchang. Son bilan en Corée du sud est catastrophique (48e du sprint, 44e de la poursuite, 29e de la mass start).
"C'était une situation particulière et j'étais plus préoccupé par l'état de mes proches. Le biathlon est passé au second plan et j'ai vécu de mauvais Jeux. Et c'est une force maintenant pour moi", déclare-t-il.
Pyoengchang n'est plus qu'un mauvais souvenir pour le N.1 mondial, qui comme promis avant de s'envoler pour Pékin, est allé chercher une médaille pour sa conjointe. Mais sa moisson ne fait sans doute que commencer.
H.Roth--NZN