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Entre surmenage pour elle, Covid-19 et compétitions zappées, l'olympiade de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron n'a pas été ordinaire, mais les danseurs français en quête d'or aux Jeux de Pékin à partir de samedi semblent en avoir tiré le meilleur parti.
Or mondial en 2018 un mois après l'argent olympique (et la mésaventure de la robe déchirée), or européen et mondial en 2019, pour porter leur collection à quatre couronnes mondiales et cinq continentales : le duo connaît une première moitié d'olympiade idéale.
C'est en janvier 2020 que son cours déraille. Aux Championnats d'Europe à Graz (Autriche), Papadakis et Cizeron s'inclinent de manière inattendue, et de justesse, face aux Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, devenus leurs principaux adversaires. Leur seule défaite depuis les JO-2018.
La patineuse explique alors avoir "vécu des trucs de la vie un peu difficiles il y a un an". "Et il y a eu un moment où j'ai commencé à être en surmenage mental et émotionnel. Où je n'arrivais plus à m'entraîner. Mon corps ne répondait plus", raconte-t-elle.
"A Graz, je ne vais pas dire qu'ils étaient en burn out, mais pas loin. Il y avait un ras-le-bol", se souvient leur entraîneur Romain Haguenauer.
Puis soudain, la pandémie s'installe, causant d'abord l'annulation des Mondiaux-2020 prévus à Montréal - où ils vivent depuis 2014 et où les patinoires sont restées porte close pendant trois mois au printemps 2020 -, et chamboulant aussi la saison suivante. Papadakis et Cizeron, qui avouent avoir traversé des "montagnes russes" émotionnelles, ne renouent finalement avec la compétition que plus de 600 jours plus tard, en octobre dernier.
- "Repos bienvenu" -
Pour le meilleur ?
"C'était un break apprécié. Au moment des Championnats d'Europe, on n'était pas dans le meilleur état d'esprit. Le repos était bienvenu à ce moment-là de notre carrière", estime Cizeron auprès de l'AFP.
"Ne pas avoir à prendre l'avion, à être dans les aéroports, dans les valises, j'en avais besoin, reconnaît Papadakis. C'est assez éreintant d'enchaîner des saisons comme on l'avait fait les six, sept dernières années. Là, on est frais, on ne traîne pas de fatigue accumulée, de blessures."
Quand le patinage mondial reprend cahin-caha à l'automne 2020, Papadakis et Cizeron se fixent pour horizon les Mondiaux-2021 fin mars à Stockholm. Mais les difficultés de voyage persistantes finissent par les faire renoncer. Si bien que les deux danseurs se consacrent à la confection de leurs deux programmes olympiques plus tôt que jamais.
"Les autres partaient aux Championnats du monde quand nous, on avait déjà des bouts de programmes", retrace Cizeron.
"C'était agréable parce que la création, c'est une partie du travail qu'on aime, poursuit-il. Pouvoir créer sans la pression du temps, avoir le temps de se tromper, de recommencer, de vraiment prendre son temps."
- "Exploration" -
Le temps, et l'occasion rare aussi, de collaborer en profondeur avec des "gens super inspirants", en l'occurence les chorégraphes Axelle Munezero et Saxon Fraser, et la danseuse Kim Gingras, toutes montréalaises. Jusqu'à danser des battles dans les parcs de la ville québécoise pour s'approprier le thème imposé des danses urbaines.
"En temps normal, on n'aurait peut-être pas cherché sous notre nez, et de toute manière elles n'auraient pas été là, mais en tournée", explique Cizeron.
"Là, comme on n'avait pas le choix, on a découvert que Montréal regorgeait de talents, et en plus ils étaient libres", pandémie oblige, résume Papadakis à l'AFP. "Un malheur pour eux, mais une grande chance pour nous."
"Ca faisait trois, quatre ans qu'on n'avait pas travaillé vraiment avec des chorégraphes extérieurs, pas eu ce vent nouveau", apprécie-t-il.
"Avant même de faire les chorégraphies, on a fait beaucoup d'exploration, complète-t-elle. Il y a mille trucs qu'on n'a pas gardés, mais c'est vraiment chouette d'avoir pu faire ça. On n'aurait jamais pu si on avait eu une saison normale l'année dernière."
"C'est la première année où on n'a pas l'impression d'avoir fait des compromis dans nos idées, dans les chorégraphies, dans les concepts", avance Papadakis.
Au bout du compte ? Selon elle, leurs programmes "sans aucun doute les plus complexes" et "les plus aboutis". Qu'ils n'ont toutefois pas présenté aux Championnats d'Europe mi-janvier par précaution sanitaire.
"Avec leur maturité, ils ont deux programmes fantastiques", estime Haguenauer.
A la hauteur de leur ambition d'or olympique, le seul qui leur résiste.
N.Zaugg--NZN