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Quatre ans après la mésaventure de la robe, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron veulent la remiser définitivement au placard en transformant l'argent olympique de Pyeongchang en or, le seul qui leur manque, aux Jeux de Pékin à partir de samedi.
"Mon pire cauchemar est arrivé aux Jeux olympiques", avait alors lâché Papadakis, larmes au coin des yeux.
Quelques instants plus tôt, pour les débuts olympiques du duo français en quête d'or, le tour du cou qui retenait le top à franges vertes et jaunes de la patineuse s'était détaché dès les premières secondes de leur danse courte.
Papadakis et Cizeron avaient tenu le choc aussi bien que possible mais leurs rivaux N.1, les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir, qui s'entraînaient avec eux à Montréal, avaient pris plus d'un point et demi d'avance. Même étincelante, leur danse libre du lendemain ne leur avait pas permis de combler complètement leur retard et l'or leur avait échappé pour 79 centièmes.
"Ça n'était pas facile de revenir sur la glace", avaient avoué les désormais quadruples champions du monde et quintuples champions d'Europe.
Quatre ans plus tard, l'épisode est loin d'être oublié.
- "Quelque chose qui me suit"
"J'entends quand même parler de ça beaucoup, beaucoup. En France, on est connus pour nos résultats, notre palmarès. Beaucoup pour la robe mais pas que. Mais au Canada... C'est très drôle, j'ai des amis qui parlent de moi: +Gabriella Papadakis, patineuse avec Guillaume Cizeron+, +Ah ouais, je sais pas...+, +Celle qui a perdu sa robe...+, +Ah ! C'est elle !+. Tout le temps...", raconte Papadakis à l'AFP.
"Ce n'est pas forcément le truc le plus réjouissant, mais ça fait partie de mon histoire, de notre carrière. C'est quelque chose qui me suit, qui maintenant me fait rire plus qu'autre chose. Mais j'ai hâte qu'on parle d'autre chose quand même", en rit-elle.
"On a quand même une carrière longue, avec du succès, des médailles, reprend la patineuse. On travaille très fort pour créer des programmes, des chorégraphies. Que ce soit réduit à cet incident-là, j'en ris, mais c'est sûr que c'est un petit pincement à chaque fois."
"Ca aurait pu être tellement pire", retient Cizeron, qui estime avoir "épuisé le sujet" de la robe. "On a fait preuve de beaucoup de force, de courage, pour se relever aussi vite et gagner la danse libre. Ca reste une expérience forte, mais pas quelque chose de noir", estime-t-il auprès de l'AFP.
"C'est ce que je retiens le plus des Jeux de Pyeongchang", confirme Papadakis.
"Evidemment que ça n'a pas été facile, mais ça nous a rendus plus forts", complète-t-il.
- "Moins effrayant" -
En quatre ans, le contexte de la compétition a bien changé. Finie la rivalité quotidienne qui existait avec Virtue et Moir. Aujourd'hui, leurs principaux adversaires sont les Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, les seuls à les avoir battus depuis les JO-2018, en janvier 2020 aux Championnats d'Europe.
Mais les champions du monde et doubles champions d'Europe en titre ont perdu coup sur coup face aux deux meilleurs duos américains dans la compétition par équipes à Pékin, Madison Hubbell et Zachary Donohue, puis Madison Chock et Evan Bates.
Quatre ans plus tard, Papadakis (26 ans) et Cizeron (27 ans) abordent aussi différemment la grand-messe olympique.
En 2018, "c'était difficile parce qu'il y avait une rivalité directe avec l'équipe canadienne, il y avait une trame vraiment différente derrière. On était stressés d'une manière plus paralysante", se remémore Cizeron. "On n'avait jamais fait de JO, on manquait pas mal d'expérience."
"Cette année, c'est un petit peu moins effrayant, compare-t-il. On y retourne avec plus de maturité, peut-être plus de détermination, de sérénité: on a presque tout gagné depuis (ils étaient absents aux Mondiaux-2021 et aux récents Championnats d'Europe, ndlr), on sait qu'on est capable de décrocher cette médaille d'or."
"On arrive globalement avec deux propositions (artistiques) plus fortes", ajoute le patineur.
Ne leur manque plus que l'épilogue doré pour oublier le scénario catastrophe. Avec une ultime requête: "On espère qu'après, on parlera plus de notre future médaille d'or que de la robe des Jeux de Pyeongchang!"
T.Gerber--NZN