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Des skieuses et des snowboardeurs qui tourbillonnent dans les airs dans un décor improbable dominé par d'imposantes cheminées d'usine: les spectaculaires images des épreuves de snowboard et de ski big air des JO d'hiver de Pékin font forte impression.
Cauchemar post-industriel ou reconversion réussie? Après le sacre de l'idole chinoise Eileen Gu en ski, le tremplin à 60 mètres du sol installé dans une ancienne aciérie pékinoise va reprendre du service pour les épreuves de snowboard à partir de lundi.
La plateforme s'élève sur le site des aciéries Shougang, dans l'ouest de la capitale chinoise, qui, à leur heure de gloire, employaient plus de 200.000 ouvriers.
Entre cheminées et tours de refroidissement, le décor est inattendu pour une compétition qu'on s'attendrait plutôt à voir dans un paysage de montagnes enneigées.
A son zénith, la gigantesque installation métallurgique, construite à partir de 1919, avait une capacité de production de plus de 10 millions de tonnes d'acier par an, selon l'agence Chine nouvelle.
Sous Mao Tsé-toung, le fondateur du régime communiste (1949-76), l'usine était devenue une vitrine de la modernisation du pays... avant d'être perçue plus récemment comme un désastre écologique.
- Bars, hôtels et cafés -
Les cheminées de Shougang expulsaient chaque année 9.000 tonnes de pollution dans le ciel de Pékin, plongeant le district de Shijingshan où elle sont situées dans un brouillard nocif.
"L'été, les habitants n'osaient plus se promener le soir pour se rafraîchir, ni manger dehors, encore moins accrocher des vêtements à la fenêtre: en une nuit, le linge blanc devenait noir", déclarait en 2011 un ancien métallo, Lu Zengzhi, à Chine nouvelle.
A l'approche des Jeux olympiques d'été de 2008, le gouvernement se décidait à fermer progressivement l'usine. Les tout derniers câbles métalliques sortiront des chaînes fin 2010.
Mais au lieu de tout détruire, les autorités ont choisi de conserver le cadre original, transformé petit à petit en quartier branché avec galeries d'art, bars, cafés, restaurants, jardins, hôtels et bureaux... dont celui des organisateurs des JO-2022.
L'usine désaffectée comprend aussi un stade de hockey sur glace.
- "Dystopique" -
Mais le clou du nouveau Shougang est évidemment la plateforme destinée au big air, inaugurée en 2019. Les skieurs et snowboardeurs peuvent s'élancer pour effectuer des figures acrobatiques en plein vol à partir du tremplin, présenté comme le seul au monde à vocation permanente.
L'apparition soudaine de cette friche industrielle sur les images des JO a été diversement commentée à l'international.
Tantôt loué pour son côté "cool" ou "étonnant", le site a aussi choqué nombre d'internautes étrangers, qui y ont vu une installation "effrayante" ou, à tort, "une centrale nucléaire" en raison de ses tours de refroidissement.
Aux Etats-Unis, le sénateur républicain Ted Cruz, opposant notoire à Pékin, a lui estimé que "la Chine n'aurait pas pu trouver un endroit encore plus dystopique pour les Jeux olympiques".
Mais les lieux ont aussi été récompensés pour leur reconversion réussie: Shougang a obtenu en 2018 un prix de la part de l'International Society of City and Regional Planners, un association d'urbanistes installée aux Pays-Bas.
N.Fischer--NZN