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La médaille de bronze du relais commence à ressembler à une propriété française: pour la troisième fois consécutive, les Bleus du ski de fond se sont invités sur le podium du relais 4x10 km aux Jeux olympiques 2022 de Pékin.
Ils terminent derrière les intouchables Russes et les Norvégiens, que les Français ont fait douter jusqu'au bout.
Qu'importe si Maurice Manificat, le dernier relayeur et leader des Bleus, a dû laisser partir dans le final le cador norvégien Johannes Klaebo, ses coéquipiers Clément Parisse, Richard Jouve et Hugo Lapalus ont exulté à son arrivée sur la ligne, se tombant dans les bras après être tombés d'émotion dans la neige fraîche.
Et ce n'était que le début: de longues minutes encore puis sur le podium, on a beaucoup hurlé en français sur la piste de Zhangjiakou, dont le cri de guerre des fondeurs tricolores, hérité d'une célèbre vidéo de l'internet français: "Qui je suis ? Je suis un monsieur !"
"C'est vrai qu'on est les seuls un peu à faire du barouf", observe Parisse. "Ce n'est que le début", promet Lapalus, en répétant que cette médaille "n'était pas écrite d'avance".
Même si ces quatre mêmes Bleus étaient déjà sur la dernière marche du podium des Mondiaux l'an passé, la quinzaine avait mal débuté pour eux.
Le rêve de médaille des sprinteurs s'est évaporé (Jouve confie avoir "mis plusieurs jours à s'en remettre") et Manificat, à la saison perturbée par des blessures, est passé à côté de son objectif, le skiathlon (23e).
- "On était au tréfonds" -
"On a tellement vécu des émotions avec les sprinteurs", livre "Momo". "Les larmes, je les ai eues il y a quelques jours aussi (...) On se disait tous qu'on était au tréfonds, qu'on ne pouvait que remonter et qu'il fallait se servir de ça pour le refaire (une médaille olympique en relais, après 2014 et 2018)."
Et, en effet, quand Finlandais, Allemands et enfin Suédois explosaient dans le groupe de poursuivants, les Bleus tenaient. "C'était le Suédois, vraiment, qu'il fallait faire péter", commente Manificat.
Le désormais quadruple médaillé de bronze a été le dernier du reste du monde - hors Russes et Norvégiens - à craquer dans le presque blizzard de Zhangjiakou, -13°C au thermomètre et de la neige à foison. Des conditions extrêmes dans lesquelles les Bleus se sont surpassés grâce à leur esprit de corps.
"C'est le relais, explique Parisse. Personnellement, j'arrive à me surpasser sur cette course avec l'énergie de tout le monde, le staff, toute l'équipe. Sur les skis, il y a quelque chose en plus et il fallait ça."
Une dynamique collective immortalisée par une photo de classe à une vingtaine. "On célèbre ça en groupe, avec les athlètes, le staff et ceux aussi qui ne courent pas", décrit sur le ton de l'évidence Manificat, interrogé par un journaliste américain marqué par les effusions de joie tricolores.
- "Le jour où changer la couleur de la médaille" -
"J'en ai tellement rêvé, de ça et avec ces gars-là... c'est ouf, quoi", n'en revenait pas le plus jeune des quatre, Lapalus, le seul à éprouver pour la première fois le goût d'une médaille olympique.
Le fondeur de 23 ans, à la moustache signature et des airs d'Astérix, "s'affirme de plus en plus comme l'un des grands espoirs du ski de fond français", loue après la course l'entraîneur tricolore Alexandre Rousselet, "un peu frustré" malgré tout.
"Je sentais que c'était le jour où on pouvait changer la couleur de la médaille", réagit-il.
Il s'en est fallu de moins d'une dizaine de secondes. Les Russes, eux, étaient hors d'atteinte, reléguant le Team "Norge" à plus d'une minute.
"J'aurais voulu jouer un peu plus, entre guillemets, avec Klaebo", lâche avec une pointe de regret Manificat. "Mais bon, j'ai tout donné."
Il faudra qu'il lui en reste un peu pour la mass start samedi. Comme à Jouve qui, en sprint par équipes mercredi, tient une sérieuse chance de médaille avec Lucas Chanavat.
J.Hasler--NZN