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Le troisième épisode caniculaire de cet été brûlant qui se double d'une vigilance "sécheresse" sur l'ensemble du territoire se décale jeudi sur l'est de la France où Météo France attend jusqu'à 36°C à Strasbourg et 38°C à Lyon.
Vingt-six départements placés en vigilance orange dès mercredi, au pic de ce nouvel épisode, le resteront pour cette journée de jeudi, du Sud-Ouest à la Bourgogne et à l'Alsace, et du Languedoc aux Alpes. Cinquante autres sont en jaune sur la carte de Météo France.
Il fera localement de 37 à 39 sur le Sud-Ouest et des frontières allemandes au couloir rhodanien avec des températures nocturnes qui seront restées comprises entre 18 et 21 degrés voire 24 localement dans la nuit de mercredi à jeudi.
Un vent du nord viendra en revanche rafraichir jeudi la Bretagne et une large bande au nord de la Seine et sur les côtes de la Manche, de nouveau en vert sur la carte, avec, au lever du jour jeudi, 13 à 17 degrés.
Ce rafraichissement annonce un week-end plus clément avant une nouvelle hausse des températures en début de semaine prochaine. Cette troisième vague de chaleur devait être toutefois moins longue que la précédente qui avait pris fin le 25 juillet et duré 14 jours.
Quelques ondées parfois orageuses sont aussi attendues jeudi. Mais pas de quoi apaiser les craintes liées à la sécheresse.
Juillet 2022 est "au second rang des mois les plus secs tous mois confondus" en France depuis le début des mesures en 1958-1959, avec un cumul de précipitations agrégées de 9,7 millimètres, selon Météo-France.
Jusqu'à présent, le mois le plus sec jamais enregistré remontait à mars 1961 avec 7,8 millimètres.
- "Situation extrême" -
Dans les Vosges, l'inquiétude est vive à Gérardmer, station qui souffrait déjà de saisons hivernales de plus en plus incertaines en raison du réchauffement climatique et qui affronte désormais une sécheresse estivale d'une intensité et d'une précocité exceptionnelles.
Une "situation extrême", selon le maire (PS) Stessy Speissmann. La nappe phréatique est exsangue et la ville doit puiser l'eau de son réseau dans le grand lac qui fait sa réputation. Pendant deux jours, mercredi et jeudi, cette eau est considérée comme non-potable, le temps que des analyses soient effectuées.
Les conséquences sont lourdes aussi pour EDF qui pourrait être contraint d'abaisser encore sa production d'électricité nucléaire ces prochains jours et même d'arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves.
EDF a aussi mis en garde sur de possibles "restrictions de production" à la centrale de Saint-Alban (Isère), sur le Rhône, ou à celle de Golfech (Tarn-et-Garonne), sur la Garonne.
Autre secteur en grande souffrance : l'agriculture. "Nous avons eu chronologiquement ou presque la crise porcine, la grippe aviaire, la crise ukrainienne, le gel et la grêle et vient la sécheresse... Sur douze mois nous avons eu le condensé de ce que nous avons sur 5 ou 10 ans", a résumé le ministre Marc Fesneau dans une interview à l'AFP.
"L'agriculture est une des premières victimes du dérèglement climatique", a-il souligné, estimant que "ce que nous avons cette année, c’est l’année type que nous aurons en 2050".
Parmi les plus touchés, certains éleveurs de bovins en sont réduits à vendre leurs bêtes, faute de pouvoir les nourrir.
Depuis 1947, 45 vagues de chaleur ont été recensées en France.
Mais ses vagues "ont été sensiblement plus nombreuses au cours des dernières décennies. Sur les 35 dernières années, elles ont été trois fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes", selon Météo-France.
T.Gerber--NZN