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Au golf, interdit d'arroser autre chose que le green. Dans un champ de maïs, défense d'arroser abondamment. Les vertes Yvelines, à l'ouest de Paris, sont rattrapées par la sécheresse qui frappe la France hexagonale et une partie vient d'être classée en "situation de crise".
Vendredi, l'heure était au contrôle du respect des restrictions d'usage de l'eau.
"Là, c'est un peu brutal, parce qu'on est passé du niveau 1 à 4", se résigne Sébastien Garzon, directeur du majestueux golf de plus de 100 hectares du château de Rochefort. Pour la Vallée de Chevreuse, où il se situe, le préfet des Yvelines a pris un arrêté le 28 juillet afin de placer en "crise" la zone jusque-là sous "vigilance", sans passer par les cases "alerte" et "alerte renforcée".
Un changement de classification s'accompagnant de mesures coercitives, notamment pour les golfs qui ont désormais interdiction d'arroser autre chose que leurs greens et encore, avec "une délimitation en volume d'eau" et de nuit, explique à l'AFP le responsable de la DDT.
Avec la sous-préfète Florence Ghilbert, il accompagne ce vendredi la police de l'environnement de l'Office français de la biodiversité qui mène le contrôle et sensibilise dans les golfs, stades sportifs, centres équestres, stations de lavage, zones agricoles et résidentielles...
Sébastien Garzon s'y plie de bonne grâce, lui qui assure avoir réduit de 70% la consommation d'eau du golf depuis l'arrêté. "On réfléchit à l'avenir (…), à planter des graminées beaucoup plus résistantes aux conditions climatiques". Des investissements "coûteux" mais nécessaires "si on veut résister dans le temps", projette le responsable.
- Jardin "crevé" et pelouse "jaune" -
A la terrasse du restaurant, surplombant le green, Benoît Salaün prend un café à l'ombre. "Mon jardin est crevé, ma pelouse est jaune mais on fait avec", rit ce directeur d'entreprise de 54 ans.
"Cette année, la situation dans les Yvelines est à l'image de ce qu'il se passe en France", estime auprès de l'AFP la sous-préfète de l'arrondissement de Rambouillet, Florence Ghilbert, rappelant que la Première ministre a activé vendredi une cellule interministérielle de crise alors qu'une centaine de communes en France n'ont plus d'eau potable.
Au total dans l'Hexagone, 93 départements sur 96 font l'objet de restrictions d'eau à différents degrés et 62 sont "en crise".
"Jusque-là préservées", les Yvelines n'ont pas résisté au manque de pluie cet hiver et "aux canicules extrêmes", détaille la sous-préfète.
Cette année, le comité de ressource en eau s'est réuni plusieurs fois sous la houlette de l'Etat afin "d'attirer la vigilance de tous ceux qui ont des usages importants en eau". Dix jours après l'arrêté, les contrôles débutent, explique Mme Ghilbert.
A Saint-Arnoult-en-Yvelines, dans une station de lavage près d'un supermarché, des traces d'eau luisent encore sur les emplacements. "On voit que la station a été utilisée récemment", constate Cécile Grimaldi, inspectrice de l'environnement à l'OFB. Or, "en crise", seuls les véhicules à enjeu sanitaire (SAMU, pompiers, etc.) sont autorisés à les utiliser.
Mais "on ne va pas verbaliser" les usagers qui viennent nettoyer leur véhicule en toute bonne foi, pensant que dans une station de lavage, c'est autorisé, explique Johanna Van Herrenthals, cheffe de service à la direction régionale Ile-de-France de l'OFB.
Les agents restent attentifs aux besoins spécifiques, comme ceux des centres équestres où les responsables "sont obligés de préserver les matériaux (les sols, ndlr) pour ne pas que les chevaux se cassent les jambes", explique Cécile Grimaldi.
Idem pour l'agriculture, prégnante dans les Yvelines avec ses grandes plaines céréalières. Ainsi le goutte-à-goutte reste autorisé mais pas les grandes aspersions, explique un agent de la DDT devant un champ de maïs.
Les contrevenants risquent jusqu'à 1.500 euros d'amende pour les particuliers, 7.000 euros pour les professionnels.
B.Brunner--NZN