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Les inondations catastrophiques provoquées par les pluies de mousson au Pakistan ont fait monter en flèche les prix des produits alimentaires, dont beaucoup sont désormais hors de portée des plus pauvres.
Le pays, qui avant même cette tragédie affrontait une crise économique et manquait de devises, doit aussi maintenant faire face à une pénurie de légumes.
Les inondations, qui ont submergé un tiers du pays, ont fait plus de 1.100 morts depuis le début de la mousson en juin et affecté plus de 33 millions de personnes.
Plus de 10 milliards de dollars seront nécessaires pour réparer les dégâts et reconstruire les infrastructures endommagées, selon le ministre de la Planification et du Développement, Ahsan Iqbal.
Ces pluies, "sans précédent depuis 30 ans" selon le Premier ministre, Shehbaz Sharif, ont détruit ou gravement endommagé plus d'un million d'habitations et dévasté de larges pans de terres agricoles essentielles à l'économie du pays.
Des zones entières du nord, montagneux, et du sud, le grenier à grains du pays, restent isolées, car des ponts et routes ont été emportées par l'eau torrentielle.
"Tout est tellement cher à cause de ces inondations que nous ne pouvons rien acheter", confie Zahida Bibi, venue acheter des légumes sur un marché de Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan.
Elle a dû renoncer à des produits qu'elle avait mis sur sa liste de course, parce que leur prix est désormais trop élevé pour elle.
"Que peut-on faire? On ne gagne pas suffisamment d'argent pour acheter des choses si chères", se lamente-t-elle.
Les oignons et tomates, des ingrédients communs à la plupart des plats pakistanais, sont les plus durement frappés.
Leur prix a augmenté chacun de 40% en une semaine, selon le Bureau pakistanais des statistiques.
- Peu de clients -
Lundi, le ministre des Finances, Miftah Ismail, a indiqué que le gouvernement cherchait par tous les moyens à stabiliser les prix des denrées alimentaires, y compris en en important d'Inde, le grand rival régional.
"Nous devons envisager de faire passer des légumes par la frontière terrestre", a-t-il déclaré à la télévision Geo News.
"Nous devons le faire à cause des prix et des pénuries que nous connaissons (...) L'inflation a brisé l'échine des gens", a-t-il ajouté.
Mais le gouvernement a reconnu que rien ne pourrait pousser lors de la prochaine saison dans les régions inondées et il faut s'attendre à voir les prix continuer à grimper.
"Près de 80% de la récolte de tomates a été endommagée par les inondations, et les réserves d'oignons ont aussi été durement frappées", a indiqué à l'AFP Shahzad Cheema, secrétaire du Comité du marché de Lahore.
"Ce sont des produits de base et au final, c'est le consommateur de base qui sera le plus touché", a-t-il ajouté.
Sur un marché de Lahore, un vendeur de légumes, Muhammad Owais, a du mal à trouver des clients prêts à payer les prix actuels.
"Les prix ont tellement augmenté (...) que beaucoup de clients partent sans rien acheter", constate-t-il.
Le Pakistan était aux prises avec une forte inflation avant même ces inondations, à cause de la hausse du coût de l'énergie et d'une balance des paiements très déficitaire.
Le gouvernement a retrouvé un peu de marge de manoeuvre lundi, quand le Fonds monétaire international (FMI) a donné son accord à la reprise d'un programme de soutien financier, négocié de longue date et essentiel pour le pays, et annoncé le déblocage d'une enveloppe de 1,1 milliard de dollars.
O.Pereira--NZN