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Les derniers préparatifs de la nouvelle méga-fusée de la Nasa pour la Lune avaient pris du retard samedi à cause d'une fuite de carburant, détectée à quelques heures du décollage de cette mission test qui doit lancer le programme Artémis de retour des Américains sur la Lune.
La fusée orange et blanche SLS, dont ce sera le baptême de l'air depuis le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy, en Floride, est la plus puissante du monde.
Le décollage est prévu à 14H17 heure locale (18H17 GMT), avec un retard possible de jusqu'à deux heures. Les conditions météo sont favorables à 60% au début de cette fenêtre de tir, puis s'améliorent peu à peu jusqu'à 80%.
Peu avant 06H00 heure locale, la directrice de lancement, Charlie Blackwell-Thompson, a donné son feu vert pour commencer le remplissage des réservoirs de la fusée avec son carburant cryogénique -- au total, environ trois millions de litres d'hydrogène et d'oxygène liquides ultra-froids.
Mais un peu plus d'une heure plus tard, une fuite a été détectée au pied de la fusée, au niveau du tuyau par lequel passe l'hydrogène jusqu'au réservoir. Le flot a été stoppé pendant que les équipes cherchaient une solution. La Nasa n'a pas indiqué dans l'immédiat à quel point ce problème pourrait affecter ou non l'heure de décollage.
Lundi, lors d'une première tentative, le lancement avait été annulé au dernier moment à cause de problèmes techniques, notamment sur le refroidissement des moteurs.
En cas de nouvel empêchement samedi, le décollage pourrait éventuellement être reprogrammé à lundi ou mardi. Il faudrait ensuite attendre le 19 septembre au plus tôt, en raison des positions de la Terre et de la Lune.
Le but de cette mission non habitée, nommée Artémis 1, est de vérifier que la capsule Orion, au sommet de la fusée, est sûre pour transporter à l'avenir des astronautes.
Grâce à ce nouveau vaisseau, l'agence spatiale américaine entend renouer avec l'exploration humaine lointaine, la Lune étant 1.000 fois plus éloignée que la Station spatiale internationale.
Surtout, 50 ans après la dernière mission Apollo, la Nasa compte cette fois y établir une présence humaine durable, afin d'en faire un tremplin pour un voyage vers Mars.
- Six semaines dans l'espace -
En plein week-end prolongé aux Etats-Unis, jusqu'à 400.000 personnes sont attendues pour admirer le décollage, notamment depuis les plages environnantes.
Une ribambelle d'astronautes ont également fait le déplacement, dont le Français Thomas Pesquet.
En cas de succès, deux minutes après le décollage, les propulseurs d'appoint retomberont dans l'Atlantique. Après huit minutes, l'étage principal se détachera à son tour. Puis, au bout d'environ 1h30, une dernière poussée de l'étage supérieur mettra la capsule sur le chemin de la Lune, qu'elle mettra plusieurs jours à atteindre.
Le voyage doit durer environ six semaines au total. Orion s'aventurera jusqu'à 64.000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu'ici.
L'objectif principal d'Artémis 1 est de tester le bouclier thermique de la capsule, le plus grand jamais construit. A son retour dans l'atmosphère terrestre, il devra supporter une vitesse de 40.000 km/h et une température moitié aussi chaude que celle de la surface du Soleil.
Au total, le vaisseau doit parcourir quelque 2,1 millions de kilomètres jusqu'à son amerrissage dans l'océan Pacifique.
- Alunissage en 2025 -
Le succès complet de la mission serait un soulagement pour la Nasa, qui tablait à l'origine sur un premier lancement en 2017 pour SLS, et aura investi d'ici fin 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public.
Le nom Artémis a été choisi d'après une figure féminine, la sœur jumelle du dieu grec Apollon -- en écho au programme Apollo, qui n'a envoyé sur la surface lunaire que des hommes blancs, entre 1969 et 1972.
Cette fois, la Nasa souhaite permettre à la première personne de couleur et la première femme de marcher sur la Lune.
La prochaine mission, Artémis 2, emportera en 2024 des astronautes jusqu'à la Lune, sans y atterrir. Cet honneur sera réservé à l'équipage d'Artémis 3, en 2025 au plus tôt. La Nasa souhaite ensuite lancer environ une mission par an.
Il s'agira alors de construire une station spatiale en orbite lunaire, baptisée Gateway, et une base sur la surface de la Lune.
Là, la Nasa veut tester les technologies nécessaires à l'envoi de premiers humains vers Mars: nouvelles combinaisons, véhicule pour se déplacer, possible utilisation de l'eau lunaire...
Selon le patron de la Nasa, Bill Nelson, un aller-retour vers la planète rouge à bord d'Orion, qui durerait plusieurs années, pourrait être tenté vers la fin de la décennie 2030.
F.Schneider--NZN