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Des trombes d'eau sont tombées dans la nuit de jeudi à vendredi sur la région des Marches dans le centre de l'Italie, faisant une dzaine de morts et remettant le changement climatique au coeur du débat politique à une semaine des législatives.
"A ce stade nous déplorons dix morts et quatre disparus, mais malheureusement ces chiffres sont en constante évolution", a annoncé lors d'une conférence de presse le chef du gouvernement Mario Draghi.
"C'était effrayant parce que tout s'est passé très vite. C'était comme le bruit d'une cascade, on pouvait entendre la rivière déborder et monter rapidement", a raconté à l'AFP Laura Marinelli, une juriste de 33 ans vivant au rez-de-chaussé d'un immeuble à Ostra, la commune déplorant le plus grand nombre de victimes.
"J'ai attrapé par la main ma fille d'un an et demi et nous nous sommes réfugiées chez nos voisins du dessus", a-t-elle poursuivi, encore sous le choc. "Finalement, la protection civile est venue nous secourir" sur le toit, "nous avons tout perdu, toutes les photos et les lettres qu'on ne peut pas remplacer".
A Ancône, grand port sur l'Adriatique, plusieurs quartiers se sont retrouvés sans électricité et téléphone. Les écoles ont été fermées dans les zones les plus touchées.
Mario Draghi a déclaré l'état d'urgence dans les Marches et débloqué une première tranche de cinq millions d'euros pour financer les premiers secours. "Nous ferons tout ce qui est nécessaire (...) Nous sommes à vos côtés, comptez sur nous", a-t-il affirmé lors d'une visite-éclair à Ostra.
L'eau a envahi les caves, et de nombreuses voitures ont été emportées par la force du courant ou ensevelies sous des coulées de boue. Des chutes d'arbres et des éboulements de terrain ont coupé de nombreuses routes locales, compliquant le travail des secours.
Les maires des localités touchées par ces violents orages ont déploré l'absence d'alerte de la part des autorités compétentes. "Cet événement n'était pas prévisible", a toutefois estimé le lieutenant-colonel Guido Guidi, de l'Aéronautique militaire, institution en charge des prévisions météo dans la péninsule.
- "Phénomènes climatiques extrêmes" -
Toute la classe politique a exprimé son soutien à la région des Marches et à sa population, même si d'autres régions voisines ont également été touchées mais plus légèrement, sans déplorer de victimes.
Du président de la République Sergio Mattarella au chef du gouvernement Mario Draghi en passant par Matteo Salvini, chef de la Ligue souverainiste, Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD, centre-gauche) et Giorgia Meloni, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia (FDI), tous ont exprimé leur solidarité.
"Comment peut-on penser que la lutte contre le changement climatique ne soit pas la première priorité", a également écrit sur les réseaux sociaux M. Letta.
"L'Italie et l'Europe doivent prendre au sérieux le changement climatique", a écrit de son côté sur Twitter le commissaire européen à l'Economie, l'Italien Paolo Gentiloni.
"Ca s'appelle crise climatique, pas intempéries", a réagi pour sa part sur Twitter la branche italienne de "Fridays for Future", le mouvement des jeunes pour le climat, tandis que le président de la Croix Rouge italienne Francesco Rocca s'est dit "préoccupé par la hausse de phénomènes climatiques extrêmes".
"Ce qui s'est produit est un événement exceptionnel, auquel personne ne s'attendait. Quelque 400 mm de pluie sont tombés en six heures sur un territoire où généralement il en tombe 1.500 par an", a expliqué à l'AFP Paola Pina D'Astore, conseillère de la Société italienne de géologie environnementale (SIGEA).
"C'est certainement lié aux changements climatiques et nous devons nous y habituer et nous adapter. Ce qui s'est produit c'est (...) un avant-goût de l'avenir", a-t-elle averti.
Comme ses voisins européens, l'Italie est durement affectée par le changement climatique. La plaine du Pô, le plus grand fleuve du pays, a connu cet été sa plus grave sécheresse en 70 ans, et le 11 juillet, 11 personnes ont perdu la vie dans l'effondrement d'un pan du glacier de la Marmolada dans les Alpes italiennes.
W.Odermatt--NZN